dimanche 27 septembre 2009

Dernière étape: Domaine de Borie-Vieille à l'Isle sur Tarn


Domaine de Borie-Vieille

L'Isle sur Tarn

Albi avec ses nombreux ponts en arcades

Le musée Toulouse-Lautrec à Albi

La cathédrale Ste-Cécile tout en briques à Albi

La porte d'entrée de Cordes

Cordes sur Ciel

Repas du midi à Cordes - confit de canard, gratin de patates et salade
Vin rouge de Gaillac

Aquarium en sucre au musée du sucre à Cordes sur Ciel

Dégustation des vins de Gaillac à la maison des vins

Une autre étape, une autre région, un autre vignoble, une autre façon de faire…..Arrivée par avion à Toulouse, et par train à l’Isle sur Tarn, je suis acceuillie par Pascale Roc-Fonvieille, la propriétaire. Une jeune femme dans la mi-quarantaine qui semble très dynamique.

Sur le chemin, elle m’entretient sur son vignoble. Un accent bien différent des régions précédentes visitées, j’éprouve une certaine difficulté à la comprendre.

Ici pas de vendangeurs, que la vendange mécanique. Propriété de 25 hectares de vignes à l’Isle sur Tarn situé entre Toulouse et Albi. En plein cœur de Gaillac, c’est un des plus anciens vignobles de France. Il a obtenu son AOC en blanc en 1938, une des toutes premières en France. Pour l’AOC rouge, il a fallu attendre en 1970. On y retrouve aussi des vins de pays des Côtes du Tarn.

Ici, il y a de tout : mousseux, perlant, blanc sec et doux, rosé et rouge. On fait aussi tout comme en Beaujolais des vins primeurs qui sont mis en vente le 3e jeudi d’octobre. L’encépagement est propre au vignoble de Gaillac. En blanc, mauzac, muscadelle, loin de l’œil, chardonnay et un peu de muscat. En rouge, le braucol ou mieux connu sous le nom de fer servadou, le duras, des cépages qu’on ne retrouvent nulle part ailleurs. Aussi plus courant, la syrah, le gamay, le cabernet sauvignon et franc ainsi que le merlot.

Arrivée au Domaine, je retrouve une maison centenaire comportant de nombreuses pièces sur deux étages située en pleine campagne. Elle m’annonce que je vais y vivre seule. Tout craque…. il ne faut pas me laisser envahir par la peur. J’essaie de ne pas trop penser….c’est comme çà. Une nuit au sommeil léger m’amème finalement au matin où je rencontre Pascal, son bras droit. J’apprends qu’il ne sont que deux à s’occuper du domaine, plus un temporaire pour le temps des vendanges. Que de travail ! Effectivement, ils commencent à 5h le matin pour finir souvent à 10 h le soir. Çà change du Rhône, pas beaucoup d'ambiance....vais-je m’y faire? C'est un peu trop tranquille pour moi.

Pascale est très gentille mais très occupée et préocupée. Je commence à trouver qu’après trois semaines de travail dans les vignobles, les actions commencent à être répétitives. Comme je ne serai jamais vigneronne, je trouve que j’en sais suffisamment. Je ne crois pas que je vais y rester plus d’une semaine. Je pense plus tôt profiter du fait que je sois là pour connaître un peu plus la région méconnue pour moi.

En plus du travail en cave, je fais des courses à Gaillac. Je porte des échantillons à analyser, je livre du vin aux commerces....j’aime bien étant donné que çà me permet de rencontrer des gens et de me balader en ville. Je m'arrête parfois prendre un café, acheter quelques fruits au marché....

Je fais mes petites recherches sur internet, et me dresse un plan pour la fin de semaine. Une visite à l’Isle sur Tarn s’impose…..très joli. Ensuite Albi… je suis émerveillée par la beauté de cette ville, de ses monuments, de ses ponts historiques en arcades, des berges de la rivière du Tarn. La cathédrale Ste-Cécile est un chef d’œuvre de style gothique, la plus importante forteresse au monde construite en briques rouges d’une hauteur de 78 mètres. Les travaux ont débuté en 1282 et se sont échelonnés sur une période de deux cent ans. Ville natale de Toulouse- Lautrec, un musée est érigé à sa mémoire. Dans l’ancien palais épiscopal, on retrouve la plus importante collection d’œuvres au monde du peintre portraitiste. J'y ai passé 2 heures. Albi sera classée Patrimoine mondial en 2010 par l’Unesco. Elle est aussi une des rares cités à avoir été épargnée par la tragédie du catharcisme au XIII siècle.

Dimanche, visite à Cordes sur Ciel....en passant par la route des vins de Gaillac. Cordes est une cité médiévale qui me rappelle Carcassonne. Pour y accéder, il faut garer la voiture tout en bas puis soit prendre le petit train ou grimper à pied environ 500 mètres. Une très belle cité aux rues étroites en galets avec une vue panoramique sur la campagne environnante. Je déamabule dans les rues, dans les escaliers pour finalement arriver à la grande place. Je prends des informations auprès de l'office du tourisme. C'est ainsi que je me retrouve au Musée du sucre, le plus important au monde. Il abrite de très belles pièces en sucre multicolores. Petite pause pour le lunch. En après-midi, visite du Jardin des paradis. On y retrouve une symphonie de couleurs et un beau parfum d'odeurs qui rend de bonne humeur.

Sur le chemin du retour, je m'arrête à la maison des vins de Gaillac, question de déguster autre chose que les vins du Domaine de Borie-Vieille. Je déguste 2 blancs et 5 rouges. Du pareil au même, ce ne sont pas des grands vins. Ce sont toutefois des vins typés des cépages de Gaillac. Mon préféré est sans le savoir celui qui dans l'assemblage contenait 30% de cabernet sauvignon. Je m'ennuie des vins de St-Joseph et de Côte-Rôtie.

Le hasard fait bien les choses. Benoit Lecavalier, mon agent à Montréal, m’a fait suivre un courriel de Marie-Anne Nudant, propriétaire du Domaine Nudant en Bourgogne. Elle attend ma visite. Je rentre donc en contact avec elle. Elle m’invite à passer 2 jours au vignoble. J’accepte avec plaisir. De plus le tout coincide avec la fête des vendanges dans le Rhône le 2 octobre. Je quitterai donc Gaillac mardi le 29 septembre pour un court séjour en Bougogne, puis retrouver mes amis du Rhône avec lesquels je célebrerai mon anniversaire. Retour sur Paris, je rentre chez nous dimanche le 4 octobre.

En rétrospective, j'ai finalement bien aimé mon séjour à Gaillac. J'ai découvert une très belle région aux nombreux attraits.....

En conclusion, j'aurai passé une magnifique vacances-travail. Après une semaine mémorable au pays basque, mes séjours dans les différents vignobles m’auront appris de nombreux secrets sur la vinification. « Faire du vin » est un processus unique pour tous les vignerons : c’est la transformation du sucre des raisins en alcool. Ce qui diffère d’un vignoble à un autre appartient à chacun. Quel type de vin veut-on faire? Un vin de garde ou un vin prêt à boire dès sa mise en marché? Il existe une vaste gamme de produits offerts sur le marché donnant ainsi de nombreuses possibilités au viticulteur d’agir sur la vinification. Certains en utilisent beaucoup alors que d’autres priviligient le processus naturel en minimisant l’apport extérieur.

Ce que je retiens aussi même si je le savais déjà….le travail, l'énergie et les efforts fournis par tous les vignerons sont les mêmes. Chiffrer le temps de travail consacré à la vinification peu importe l'AOC est quasiment impossible. Certains peuvent se permettre la vendange manuelle alors que d’autres comme à Gaillac ne le peuvent étant donné les coûts exorbitants engendrés par cette dernière. Les vins de Gaillac se vendent à petits prix, en moyenne 5 euros. Des régions telles que la Bourgogne et le Rhône possèdent un terroir d’exception qui leur permettent de faire de meilleurs vins et ainsi les vendre beaucoup plus cher. Pas de justice, il faut juste faire du vin sur le bon terroir.

A la semaine prochaine

Johanne


dimanche 20 septembre 2009

Le Rhône, la suite....les vendanges sont terminées!

Vue sur le Rhône de Chavanay

Henri et Gérard, de bons skieurs

Retour des vendanges
Pierre, Bertrand, Jean-Christiphe et Philippe

Repas bien arrosé chez Aimé et Chantal

L'équipe de vendangeurs

Lunch à la Côte-Rôtie
Pierre, Viola, Amélie et Marie

Pause vin à la Côte-Rôtie

Vendange à la Côte-Rôtie (Chenille pour tansporter les bennes)

Le pigeage-le foulage des raisins en fermentation

Doudou le tonnelier dans son atelier

Au mont Pilat

L'équipe des vendangeuses
Rita, Amélie, Yanick, Viola, Johanne et Chantal



Peter, Viola et moi-même à Lyon

Le Rhône, la suite…….

Dimanche, un bout du chemin de Compostelle en companie des belges flamands Rita et Luc qui aiment bien la randonnée. Notre promenade nous a mené à un très beau village médiéval, que je qualifierais de presque fantôme. Pas âme qui vive, seulement une très belle chapelle du XIe siècle surplombant les champs de vignes. De belles maisons en pierres, une cascade sans eau, des rues très étroites, aucun restaurant à l’horizon et finalement un office de tourisme où nous avons pu s’approvisionner en eau pour le chemin du retour.

Lundi matin, tous sont là pour la vendange de la Côte-Rôtie….on nous a promis du vin de l’appellation. En route, que des vignes ....Condrieu, le fameux Château Grillet que jamais personne n’a goûté tellement l’appellation est petite, et finalement Côte-Rôtie. Impressionnant, une énorme pente à grimper……je suis étonnée par tout l’équipement nécessaire pour transporter les raisins de ces parcelles…des ficelles, une chenille, un treuil, des hommes forts….Le défi de tous…. couper les grappes, ne pas perdre les sceaux, et surtout ne pas glisser tellement c’est abrute. Il faut se tenir aux piquets des vignes pour faire un pas en avant. Maintenant facile de comprendre pourquoi le vin de Côte-Rôtie se vend à fort prix. Un terroir d’exception, une exposition au soleil particulière, et un travail rigoureux de la vigne qui demande des ressources hors du commun. Tout cela a un coût.

Finalement, on a survécu à la matinée….Midi a sonné, Danielle arrive avec le lunch…. Quelle convivialité! Assis par terre, des petits groupes se forment un peu partout à travers les vignes pour casser la croûte. Verre de vin à la main, pas le Côte-Rôtie, tous se plaisent à raconter leurs petites anecdotes de la matinée. J’apprends que la vendange du matin est destinée pour la Côte-Rôtie de Guigal, un des plus grands producteurs du Rhône. Philippe y loue une partie de ses terrains.

Une journée bien fatigante mais combien satisfaisante. Malgré la difficulté, j’ai bien aimé les vendanges.…plus qu’en Provence du fait que la température était beaucoup plus fraîche.

De retour à la cave, le visage du patron laissait transparaître sa satisfaction … chose promise, chose due, le vin de Côte Rôtie est sur la table. On débute par un récent millésime, le 2007 pour poursuivre avec la cuvée personnelle de Philippe, le 2003. Pas besoin de vous convaincre, c’était du grand vin….

Le lendemain matin, dame nature fait ses caprices….il pleut …mot d’ordre, on ne vendange pas, çà dilue le raisin. On espère que çà passera vite. Effectivement, le soleil revient à midi. Tous sont là pour l’après-midi. Il est important que tous les raisins soient à la cave le plus tôt possible. Une fois à l’abri, il n’y a plus rien à craindre.

Le soir en soupant, comme à l’habitude ave Philippe et Danielle, la pluie s’est mise à retomber de plus belle. Philippe, un homme toujours souriant a perdu du coup son enthousiasme. C’est la première fois depuis que je suis là que je lui voyais cet allure. Quand on y pense, c’est le travail de toute une année qui du coup compromet la qualité du millésime. Rien à faire, sauf mal dormir……il faut juste espérer que çà ne durera pas.

Le reste de la semaine s’est bien passé. Mercredi, les vendangeurs ont mis la pédale à fond…..15,000 kg de raisins ont été pressés pour donner à la fin 115 hectolitres de jus. Le lendemain, la même chose. Le sourire était revenu sur les visages. Les vendangeurs ont bien été récompensés en se voyant servir à la fin de la journée les meilleurs vins de la maison.

Les fins de journée sont toujours très animés au Domaine Faury tout comme les déjeuners et les diners. C’est le rassemblement de tous les vendangeurs. On sert des gâteaux, du vin et du vin, et souvent du très bon si la journée a été productive. Les vendangeurs, que je connais tous par leur prénom maintenant, viennent souvent nous rendre visite à la cave et même parfois certains restent pour donner un coup de main. Une très belle ambiance, j’aime bien….Chacun contribue à sa façon à la qualité du vin du Domaine Faury.

Le visage de la cave a bien changé depuis mon arrivée. Les cuves se remplissent à grande vitesse de Condrieu, St-Joseph et de Côte-Rôtie…il y a maintenant beaucoup de travail, on ne chaume pas. J’ai beaucoup moins de temps pour écrire sur mon blog. On sait l’heure à laquelle on commence mais pas celle à laquelle on va finir. Les vendanges se terminent aujourd'hui le 23 septembre.

A tous les matins, j’ai le mandat de prendre la densité de tous les jus en fermentation. Très important pour suivre le processus de fermentation. Ce matin, dans la cave des blancs, j’ai ressenti un certain malaise tellement il y avait dégagement de CO2 des cuves en fermentation. Ensuite un débourbage et plus à faire, et toujours 2 remontages ou un pigeage (voir photo) par cuve quotidiennement. Il faut fouler, égrapper, presser les raisins qui entrent au fur et à mesure. Certains soirs, Lionel et le personnel permanent sont restés jusqu’à 23h. Le temps des vendanges est très intense. Les employés ne comptent pas leurs heures.

Philippe nous annonce qu’il y aura vendanges samedi jusqu’à midi. Il faut profiter du beau temps. Plusieurs seront là…..dont moi qui décide de participer à la vendange. C’est une tout autre ambiance que la cave. Beaucoup de camaraderie…..et des maux de dos. Ensuite le lunch convivial habituel. Philippe est très généreux, il nous met sur la table des bouteilles de St-Joseph, la cuvée Kermitt. En après-midi, balade au parc du mont Pilat. Une superbe vue sur le Rhône et les Alpes.

Demain dimanche, c’est sacré…repos pour tous. Mes deux colocataires,Viola l’allemande et Peter le slovaque avons décidé de faire un petit saut à Lyon avec un arrêt à Vienne. Phillipe nous prête une voitute. Une très belle ville, surtout le vieux Lyon. J'ai passé un très bel après-midi en bonne companie.

Je pars avec un pincement au cœur…un peu triste même. Je prends l’avion aujourd'hui pour Toulouse puis par la suite en train à Lisle sur Tarn pour mon troisième et dernier stage au Domaine Borievieille. J’ai passé au Domaine Faury 2 semaines très enrichissantes à tout point de vue. Du coté des connaissances, j’ai appris beaucoup sur la vinification. Je connaissais la théorie, maintenant je connais la pratique. Du côté personnel, j’ai fait de très belles rencontres, j’en reverrai sûrement certains au Québec. J'ai apprise aussi certaines expresions: " c'est nickel chrome", "c'est rideau" et plusieurs autres.

Et qui sait, je les reverrai peut-être tous sur mon chemin du retour pour Paris. Il y a la fête de la vendange qu’on nomme « la revole », je ne sais pourquoi ce nom mais peu importe apparamment qu’on s’amuse beaucoup….la date n’est pas encore déterminée mais si cette dernière coincide avec mon horaire, je serai de la partie.

Hier soir, on a fait une mini revole (fête des vendanges). Comme mon départ approche, Peter, Viola et moi-même avons décidé d'inverser les rôles et d'inviter à souper nos hôtes Philippe et Danielle ansi que les belges Luc et Rita. Nous avons eu beaucoup de plaisir et du très bon vin apporté par le patron. Certains en ont abusé un peu dont notre "Peter national". Il en paie la note ce matin aux vendanges.

Dernière journée de travail pour moi au Domaine, j'ai demandé la permission à Lionel d'aller vendanger avec tout le groupe à Côte-Rôtie. Je commence à aimer la vendange, et surtout l'ambiance qui y règne. Vous devriez me voir les mains et celles des autres aussi....toutes tâchés bleu. Le temps y remédiera....Retour au chai, on a vendangé à Côte-Rôtie, on a donc eu du vin de Côte-Rôtie à la fin de la journée.

Hier soir nous sommes allés souper chez Aimé et Chantal.....une autre mini revole....Aimé est un passionné de vin et de cuisine. Il nous en a donc mis plein les yeux et la bouche. Un copieux repas nous a été servi ainsi qu'une très belle palette devin.....Côte-Rôtie 1905, Gigondas 2005, Hermitage 1990, Château Cantemerle 2005, et autres. Certains des vins ont été servis à l'aveugle, question de me tester. Belle réussite! Vous remarquerez que tous les vins étaient français dont la plupart du Rhône. Ici on" ne commence pas par dire "Ancien ou Nouveau monde", c'est assurément un vin de France. Il faut seulemnt trouver la région, cépage et millésime. Merci à nos hôtes pour la belle soirée.

Mon blog fait fureur ici. Tous veulent l’adresse……pour voir bien sûr les photos et ce que je dis de mon séjour au Domaine Faury. Que de belles choses à dire….rien de négatif. A date, j'ai été très chanceuse dans mes choix de vignobles. J'espère seulement que le prochain et dernier sera aussi intéressant que les précédents.

Johanne

samedi 12 septembre 2009

Un millésime exceptionnel pour le Rhône

La vendange du viognier

La table de tri - coccinelles, araignées, pyrales

Tapis élévateur qui amène le raisin au pressoir

Jus de goutte avec CO2 pour prévenir l'oxydation

Prête pour le nettoyage du pressoir

Le marc

Dégustation du viognier en débourbage

Repos bien mérité en companie de Bertrand

Salle de dégustation -Faury 1997, Côte-Rôtie AOC
(Olivier, Philippe et la petite Axelle, Lionel)

Un millésime exceptionnel pour le Rhône nord

Mercredi le 9 septembre, prochaine étape: Le Rhône, pas n’importe quelle région, celle des vins prestigieux du nord : Côte-Rôtie, St-Joseph et Condrieu. Aucune chance de se méprendre sur les cépages, un seul : en rouge, la syrah, et en blanc, le viognier. Aucun vin d’assemblage! Difficile de se tromper….exception faite des St-Joseph blanc. Par contre on vinifie les parcelles séparément qu’on assemblera une fois la vinification terminée.

Venue en train depuis Toulon avec arrêt à Marseilles, on vient me chercher à Péage sur le Roussillon à 17h58, heure d’arrivée du train. Jamais en retard…..Dans un échange de courriel, je me suis identifiée comme étant la fille à la valise rouge et au sac à dos. On vient vers moi…..on a reconnu ma valise. C’est une dame d’une cinquantaine d’années qui se présente comme étant Danielle Faury. Wow, la propriétaire elle-même ! Une dame très sympatique, d’une grande simplicité avec qui je vais bien m’entendre, j’en suis certaine.

En route, je découvre un paysage bien différent de celui de la Provence. Pas de palmiers mais des vignes à perte de vue plantées sur des coteaux bien escarpés, pas de mer mais un fleuve, le Rhône. Au passage, le village Thain-Ermitage…..des écriteaux dans la montagne indiquent Guigal, Chapoutier, Jaboulet. Ils sont tous là…les grands noms, du grand vin.

Une route sinueuse surplombant le Rhône nous mène à Chavanay, village pittoresque qui habite la commune de St-Joseph et le Domaine Faury. Chemin faisant, Danielle me renseigne sur le Domaine dont je connais l’existence depuis à peine quelques mois. J’apprends que c’est un domaine familial qui a été transmis à son mari Philippe et maintenant au fils Lionel à peine âgé de vingt-six ans. Une histoire de famille qui aujourd’hui se résume à dix-sept hectares de vignes répartis en Condrieu, St-Joseph, Côte-Rôtie AOC et vin de pays. Il cultive aussi du chardonnay, gamay, marsanne et roussanne. Les vendanges dureront 3 semaines et occuperont les quinze vendangeurs que compte l’équipe. Ils seront tous là`demain matin 7h30 pour le petit dejeuner.

Arrivée au domaine, Danielle m’indique mon logement. C’est une maison adjacente à la sienne dans un petit hameau que je partagerai avec Peter qui arrive ce soir de la Slovaquie, et une allemande qui arrivera dimanche.Des belges seront aussi là avec leur "camping car". Beau mélange ! Maintenant je dois me débrouiller avec 2 autres langues. Les vendanges sont souvent à l'origine d'un rassemblement de gens venus des quatre coins de l’Europe et du Québec bien sûr. Une belle ouverture sur le monde.

Le lendemain matin, je rencontre les vendangeurs venus pour le déjeuner. Une équipe composée de jeunes et de moins jeunes….tous enthousiasmés à l’idée de participer à la réussite du millésime 2009 qu’on prédit être exceptionnel. Je rencontre aussi Lionel avec qui je travaillerai à la cave pour les 2 prochaines semaines. La cave, très différente de ce que j’ai vu en Provence. J’ai été très surprise ! Très rustique avec beaucoup moins de moyens ….encore des cuves en fibres de verre, en ciment et quelques unes en inox…….on réussit quand même à faire des excellents vins. L’importance du terroir et le savoir-faire du vigneron sont ici des facteurs déterminants pour la clé du succès.

Une bien petite entreprise qu’est le Domaine Faury, 70,000 bouteilles comparativement à un demi-million pour Château Tour de l’Évêque. Lionel est roi et maître dans sa cave. Tous les pouvoirs du père, Philippe lui ont été légués. Il est cependant soutenu par 4 employés super sympatiques qui sont pour le temps des vendanges, non disponibles à la cave. J’arrive donc juste à point pour aider Lionel. Très facile de travailler avec lui….il me fait confiance…. A tous les matins, je dois prendre la densité des moûts en fermentation pour s’assurer que cette dernière suit son cours normal. J’apprend beaucoup……. Il me demande si j’ai la bosse des mathématiques. Je dois calculer le nombre de ml d’une solution de 18% de métabisulfite de potassium à mettre dans une cuve contenant x hectolitres de jus de raisin. Il tombe dans le mille, j’ai fait ce genre de calculs toute ma vie. Réponse : -----------------Je dois aussi laver les pressoirs, laver les bennes….il y a beaucoup d’hygiène à faire. Les journées passent vite.

Ici aussi, que des vendanges manuelles….il y a une machine à trier les grappes avant qu’elles soient pressées. C’est pas possible ce qu’on peut recueillir sur la table de tri….araignées, vers, pyralles, coccinelles, ect. Il faut surtout pas penser à la vendange mécanique qui ramasse tout sur son passage. Coté fermentation, pas de levures ajoutées….on laisse faire les levures naturelles. Sulfites, que le stricte minimum. Température de fermentation, les plus basses possibles pour avoir de longues fermentations. On laisse la nature faire son chemin…et au final…..un excellent Condrieu, St-Joseph ou Côte-Rôtie.

Le midi, les vendangeurs reviennent pour le lunch. Un copieux repas de 4 services est servi par Danielle. Le vin du cépage vendangé est mis sur la table…..aujourd’hui, c’était le "condrieu tradition". Mon doigt se portant mieux, lundi je me suis portée volontaire pour aller vendanger dans la Côte Rôtie. Astucieuse, vous me direz, on aura du Côte Rôtie pour le lunch. C’est vrai mais apparamment que c’est un évènement à ne pas manquer. La pente est tellement abrute qu’il faut attacher les sceaux pour ne pas`qu’ils glissent. Aussi, le climat beaucoup plus frais qu’en Provence est un élément qui m’incite à tenter l’expérience une seconde fois.

Ce matin en mettant mon nez dehors, j’ai aperçu tout à coté du domaine un couple marchant avec le bâton du pèlerin. On a échangé quelques mots, juste assez pour savoir qu’ils étaient des autrichiens en lune de miel vers St-Jacques de Compostelle. Danielle m’a dit plus tard qu’ils leur arrivaient souvent d’héberger des pèlerins. Bon à savoir, si je fais un jour Compostelle, je partirai à coup sûr du Domaine Faury, la route y passant.

Assez pour ce soir ! J’ai hâte d’aller me coucher et me lever demain matin pour prendre le café….en plus c’est samedi, pas de presse, il n’y a pas de vendanges la fin de semaine.

Après 4 jours au domaine, je peux dire que je m’y plais beaucoup pour diverses raisons. C’est sûr que ce n’est pas St-Tropez avec ses plages, que les espagnols ne sont pas là mais il y a une belle famille avec laquelle je me sens très à l’aise. La petite équipe de vendangeurs avec qui je partage quotidiennement le déjeuner et le repas du midi sont très sympatiques. Lionel avec qui je travaille est un être passionné qui aime bien partager ses connaissances. Il y a aussi Doudou, Bertrand et Pierre, des employés du domaine avec qui je m’entends très bien. Doudou est là depuis vingt-sept ans. Il a exercé longtemps le métier de maître-tonnelier. J'iirai visiter son atelier bientôt.

Le mont Pilat est à la porte avec plus de 600 km de sentiers balisés. En companie de Danielle qui aime bien la randonnée, dimanche nous irons faire un circuit. On dit que les panoramas sur la vallée du Rhône et les Alpes sont à couper le soufle. Je vous en reparlerai....

Johanne




lundi 7 septembre 2009

Les vendanges ont débuté

Non pas les gendarmes mais la familia espagnole à St-Tropez

Visite à St-Tropez

La fiesta espagnole du samedi soir

Vieilles vignes de cabernet sauvignon - 50 ans

Travail à la cave - le débourbage

A la piscine
Vue du golf de St-Tropez et Port Grimaud de Gassin

Château Barbeyrolles à Gassin, tout près de St-Tropez
On doit faire vite, les raisins doivent être pressés

Dans les vignes à goûter le cinsault

Les vendanges ont débuté !

Aucune surprise, le temps chaud et ensoleillé qui prévaut en France depuis le début de l’été a permis de devancer d’une semaine un peu partout les vendanges. La Provence n’a pas fait exception. Arrivée au Domaine Tour de l’Évêque très tôt mardi matin, c’est une atmosphère bien calme que j’ai retrouvée; les cinquante quatre espagnols engagés pour les vendanges s’affairent depuis 5h ce matin à la besogne. Nélot, le régisseur venu m’accueillir m’apprend qu’ils sont là depuis une semaine. Ils rentreront pour le lunch à 12h15, la journée se terminant à cette heure pour eux.

L’ambiance a bien changé à leur retour. Avec mes biens modestes connaissances en espagnol, j’essaie de mon mieux d’entrer en relation avec eux. Chose assez facile, mais de se comprendre c’est autre chose. Ils parlent tellement vite que j’ai du mal à reconnaître la langue. L’après-midi, c’est la sieste pour tous pour mieux reprendre de plus belle leur tapage et çà jusqu'à`23 h, l’heure du dodo. Ils sont assez bruyants, merci. Certains jouent aux cartes, d’autres de la guitare et chantent…Le rituel recommence le lendemain et il en sera ainsi jusqu’à la fin des vendanges prévu dans une dizaine de jours. Cette première journée, je l’ai vécu intensément. J’ai laissé la fatigue du voyage de coté pour mieux faire connaissance avec mon environnement peu familier. Déjà en arrivant, le café pris, j’étais dans les vignes avec Nélo à conduire le camion pour ramener les palettes de raisins à la cave pour être immédiatement pressés. En fin d’après-midi, Régine Sumeire la propriétaire du domaine se manifeste….en provenance de son autre vignoble Château Barbeyrolles situé à une centaine de km, tout près de St-Tropez. Elle fait fréquemment l’aller-retour….aujourd’hui, elle est venue pour faire des prélèvements dans les vignes afin de vérifier la maturité des raisins. Elle m’invite à se joindre à elle. Pour ce faire, on se promène dans les rangs pour cueillir un raisin sur chacune des grappes des différents pieds de vigne. Une fois à la cave, on presse nous-mêmes les raisins avec nos mains, on receuille le jus dans un cylindre gradué. A l’aide d’un mustimètre, un appareil qui mesure la densité du moût et le degré potentiel d’alcool, on détermine quelles seront les prochaines parcelles à vendanger selon la lecture obtenue.

Le Domaine Tour de L’Évêque a une superficie de 65 hectares. Les principaux cépages cultivés sont la syrah, le grenache, le cinsault, et le cabernet en rouge, la rolle, le sémillon et l’ugni en blanc. La fierté du domaine est le fameux vin rosé « Pétale de rose » qu’on retrouve facilement sur les tablettes de la SAQ. Il représente 90% de la production totale soit près de 450,000 bouteilles, le reste étant en blanc et en rouge. Tous les cépages cultivés au domaine entrent en différentes proportions dans la composition du Pétale de rose. Chacun d’eux a un rôle bien déterminé à jouer. La syrah est choisi pour donner de la couleur, le cinsault pour la quantité de jus, et ainsi de suite pour les autres….

Un soin particulier est apporté aux vins du domaine. Premièrement, toutes les vendanges sont faites manuellement. Les vendangeurs ont été minitieusement formés pour couper que les raisins en parfaite santé. Plusieurs sont là depuis trente ans. Ensuite, arrivées à la cave, les grappes sont encore une fois inspectées afin de rejeter celles qui présenteraient la moindre pourriture. Tout comme en Champagne, les raisins ne sont pas foulés, mais pressés immédiatement afin de prévenir toute oxydation. Enfin, un détail très important dans la vinification est la propreté. Je ne sais pas si la même rigueur est appliquée partout ailleurs mais je peux vous dire qu’à ce chapitre, Domaine Tour de l’Évêque et Barbeyrolles sont exemplaires.

Jeudi soir, Régine m’invite à l’accompagner au Château Barbeyrolles. Je n’hésite pas une minute. Je veux tout voir, tout connaître…. C’est un très beau domaine avec des palmiers, beaucoup plus petit, 12 hectares. Les mêmes cépages y sont cultivés en plus du mourvèdre. On y produit aussi le fameux « Pétale de rose » qu’on ne retrouve pas chez nous puisque tous les vins du Château Barbeyrolles sont vendus localement en raison de la petite production.

Des parcelles de cinsault sont prêtes à être vendangées. Régine déplace une équipe de 12 espagnols qui comme à Tour l’Évêque vendangeront de 5h le matin à 12h15. Tout est à plus petite échelle, la cave, les cuves, les pressoirs, ect. On sent que le personnel est beaucoup moins stressé. J’aime bien l’ambiance qui y règne. Je participe à la pesée des palettes, à la sélection des raisins, au pressurage et au repiquage, l’élaboration des courbes de fermentation, le débourbage, le collage et le nettoyage très important pour la qualité….je m’y plais beaucoup.

En plus, j’ai mon propre appartement….et il y a une très belle piscine de 20 mètres d’où je viens tout juste de faire 50 longueurs.

La mère de Régine, une dame de quatre-vingt cinq ans est très gentille. Elle m’indique toute sorte de choses à faire dont une marche à Gassin, un des plus beaux villages de France. Gassin est à peine 1 km du vignoble situé sur une colline de laquelle on a une superbe vue du Château Barbeyrolles et de la Méditérranée d’un coté, et de l’autre les îles et la Corse.

Le travail en cave se fait le matin et le soir. Les après-midis, non pas pour Régine, mais pour moi sont libres. Le matin, on sélectionne et presse le raisin. Le soir, il faut laver le pressoir et tout remettre en place pour le lendemain matin. Régine m’offre sa voiture pour aller me balader. St-Tropez n’est qu’à 4 km….Une très belle ville sur le golf, un port avec des bateaux acostés de plusieurs millions d’euros et plus, une richesse incroyable. De beaux magasins, que des griffes, avec des prix exorbitants. Permis de regarder, mais hors prix pour le commun des mortels. Un petit saut à la plage…..la plupart des touristes sont partis au grand soulagement des locaux. Une photo de la gendarmerie royale où le fameux film « Les gendarmes de St-Tropez a été tourné. Retour sur Barbeyrolles…..

Déjà samedi…..pas de repos sauf les dimanches, les raisins sont à pleine maturité, il faut les ceuillir. Je participe pour la première fois à vendanger les raisins avec mes amis espagnols. Pas de chance, 2 heures plus tard, je me coupe un doigt. On m'avait pourtant mis en garde. Ma carrière de vendageuse aura été bien courte. Il faut dire que je n'étais pas trop bien équipée. Eux, ils ont des gants en caoutchouc épais que le sécateur ne perce pas facilement, ce n'était pas mon cas. Ensuite, le train train habituel….cueillette, pressurage, débourbage, ect.

Les espagnols sont logés dans une maison sur le domaine. Régine fournit la bouffe mais ils préparent leurs repas eux-mêmes. Le samedi soir, c’est la fiesta puisqu’ils ne travaillent pas les dimanches. Ils m’invitent à leurs tables pour le repas du soir. Quelle camaraderie entre eux ! Douze espagnols qui se connaissent à peine depuis une semaine mais qu’on dirait être une famille depuis toujours. Le vin du domaine coule à flots, j’ai d’ailleurs un peu mal à la « cabeza » (la tête) ce matin. Après le repas, que la fiesta empeza (commence) ! Paco avec qui je me suis liée d’amitié est un bon guitariste et chanteur. Tous les autres suivent…..ellos cantan y bailan (chantent et dansent). Avec une telle atmosphère, difficile de rester impassible, j’emboîte le pas, Cristophe, le caviste est là et fait de même. La fête se poursuit ainsi jusqu’à 2h du matin.

Je suis dorénavant une des leurs. Ils trouvent que je me débrouille pas mal en espagnol même si je ne les comprends toujours pas lorsqu’ils parlent entre eux. La raison, ils viennent du sud plus précisément de l’Andalousie, beaucoup plus difficile à comprendre que dans le nord. Le lendemain matin, ils m’invitent à les accompagner au marché où je me suis achetée un chandail dont je suis certaine de ne pas retrouver chez nous, il est haut en couleurs. De retour, ils m’invitent à manger à leurs tables encore une fois et finalement à la plage. En soirée, un petit tour à St-Tropez et Port Grimaud que je n’avais pas encore vu, bien joli. Port Grimaud est surnommé « La petite Venise » du fait qu’il est une ville lacustre c'est-à-dire construite sur l’eau. Retour au Château avec un petit arrêt à Gassin pour une bière. Tout en bavardant, on m’invite à aller les visiter à Moril sur la Costa del sol, près de Granada. Qui sait?

Le temps passe vite, je n’en ai plus ici que pour 2 jours. Je pars mercredi pour le Domaine Faury dans le Rhône nord. J'ai adoré les espagnols et ma première expérience dans un vignoble. J’espère que je serai aussi chanceuse dans mes prochaines étapes que je l’ai été à date. Je vous en reparlerai dans mon prochain blog.

Que todos estamos bien !